Un méga centre de données projeté à Shawinigan

TECHNOLOGIE. Les pièces du casse-tête apparaissent peu à peu dans la Cité de l’énergie afin de voir l’implantation d’un centre de données le plus sécurisé et performant au Québec afin d’attirer le maximum de nouvelles entreprises au Digihub, un projet de plusieurs millions de dollars.

Le directeur général du Digihub, Philippe Nadeau, confirme qu’il existe plusieurs promoteurs intéressés à investir à Shawinigan pour le développement du créneau du numérique. Sans dévoiler les entreprises et les montants, le directeur général indique qu’il s’agit de l’avenir dans cette ère post industrialisation.

Le 28 février dernier, des étudiants de l’UQAM se sont déplacés au Digihub de Shawinigan afin de participer à une compétition d’urbanisme. Les étudiants ont eu pour défi de concevoir un écoquartier technologique pour alimenter la discussion autour de la requalification et de la transformation du paysage industriel d’un site à fort potentiel à proximité du centre-ville. «Quand on passe notre temps avec le nez rivé sur le dossier, on n’a pas la portée de voir les choses différemment. Ce sont de jeunes urbanistes avec une vision, et c’était de connaître leur point de vue dans ce changement que nous réalisons. Shawinigan a la chance d’avoir la redondance de la fibre, et la redondance énergétique avec les nombreux barrages hydroélectriques, et une activité sismique quasiment nulle», affirme le directeur général.

Il existe une ligne électrique entre l’ancienne Belgo et l’ancienne usine de Rio Tinto Alcan qui les alimentait. Il s’agit d’une ligne industrielle qui coûterait des millions de dollars à mettre en place, mais qui est déjà fonctionnelle. L’autre avantage est la proximité de la rivière Saint-Maurice. Comme un centre de données dégage énormément de chaleur, la source d’eau peut servir pour rafraîchir les installations via les canalisations.

Les centres de données ont différents niveaux, allant de tier 1 à tier 4, tier 4 étant le serveur le plus sécurisé par la redondance de la fibre, d’un système de refroidissement, et par la redondance énergétique. «Il n’y a pas de tier 4 au Québec et nous sommes capables de le faire ici avec le potentiel de la ville. Ce ne sont pas toutes les régions qui peuvent se targuer d’avoir la possibilité de le faire. Avec un tel serveur, ça nous permettra de boucler notre écosystème. C’est important pour les développeurs d’être à proximité d’un centre de données qui permet aux applications d’être plus rapides», poursuit le directeur général.

«Nous nous sommes basés sur un projet qui existe depuis une dizaine d’années à la Ville de Shawinigan avec un centre de données, explique Philippe Nadeau. C’est un projet qui revient au goût du jour puisqu’il y a des intérêts de la part d’investisseurs et aussi de la Ville. Il y a trois ans lorsque j’étais président et directeur général pour Alchemic Dream, on avait souvent des entreprises qui nous disaient qu’elles avaient acheté une licence de jeu d’un autre pays, et elles voulaient l’exploiter ici, mais on n’avait pas la possibilité d’héberger le jeu. On les envoyait alors en Californie parce qu’on avait un partenaire. Je me suis dit que c’était ridicule d’avoir des ressources et d’envoyer ces gens ailleurs.»

La difficulté pour le Digihub n’est pas d’attirer des entreprises entre ses murs en raison de la synergie qui peut exister entre les entreprises. «Le défi est surtout pour la rétention de ces entreprises», affirme M. Nadeau.

De là est né les idées d’éco quartiers, de ville intelligente, de centre de données, de s’attaquer aux terrains contaminés, et de revitalisation de la ville. «Quand je suis arrivé ici à l’an 2000, Shawinigan n’avait pas le look qu’elle a aujourd’hui. Toutes ces actions que l’on voit à droite et à gauche font partie d’un plan global avec une finalité, l’attraction de gens à Shawinigan.»

Des projets et des projets

Philippe Nadeau a même évoqué le projet de la ville jouable. «La ville est découpée en quartiers, et chacun des quartiers sera approprié par une entreprise dans le domaine du jeu vidéo en réalité augmentée. Donc les gens pourront venir à Shawinigan et découvrir la ville avec des lunettes en réalité augmentée et jouer dans les quartiers, s’approprier la ville à travers de jeux.»